Belges et Béninoises unies sur le terrain

Début mai 2016, Aline, Line, Zoé et Marlies se sont rendues au nord du Bénin pour rencontrer leurs sœurs béninoises impliquées dans le projet ‘Girl Power’ de Plan. Un projet que les quatre jeunes Belges soutiennent en participant au Fisherman’s Friend StrongmanRun le 29 mai en Belgique. Chaque semaine, Marlies reviendra sur ce périple béninois et sur ce qu’il a apporté à chacune, en Belgique comme là-bas. Récit.

Lorsque nous sommes parties fin avril pour découvrir le projet "Girl Power" de Plan, nous avons rencontré de nombreuses personnes impliquées dans cette aventure, à commencer par les filles du projet elles-mêmes.

Fati, 17 ans, était l'une d'elles. Je l'ai rencontrée les troisième et quatrième jours de la mission, et il ne nous a pas fallu longtemps pour que ça colle entre nous: le déclic est arrivé en quelques minutes. 

Très vite, j’ai appris que Fati avait trois sœurs et deux frères avec lesquels elle joue au football, un sport qu’elle aime par-dessus tout. Elle m’a raconté qu’avant de participer au projet, elle avait l’habitude de regarder les garçons jouer au football et se demandait pourquoi les filles n’en avaient pas le droit. Puis elle m'a dit:

Les garçons et les filles sont égaux. Le sexe est la seule chose qui nous différencie. Grâce au projet, on peut aujourd'hui le montrer sur le terrain."

L'essentiel était résumé en une phrase. Elle m'a ensuite expliqué que les filles de son groupe ont un entraîneur qui leur fait faire des exercices et il leur en donne à faire chez elles. Fati trouvait cela fantastique. En revanche, ses parents n’ont pas tout de suite été emballés par le projet. Ils craignaient qu’elle se blesse ou qu’elle prétexte l'entraînement pour se rendre ailleurs...

Petit à petit, mes parents ont vu que tout se passait bien et que Plan protège les filles du groupe. Le 8 mars, les mamans ont même joué au football contre leurs filles. Et évidemment, ce sont les filles qui ont gagné!" 

Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire en écoutant cette histoire. J’aimerais pouvoir vous expliquer ce que j’ai ressenti pendant notre discussion, mais les mots me manquent. Elle a immédiatement trouvé une place pour moi dans son cœur alors que je n'ai rien de spécial par rapport à elle et à toutes ces merveilleuses filles que j’ai rencontrées au Bénin.

À l’hôtel avec un lapin, des mangues et du fromage

À un certain moment, Fati m’a dit qu’elle souhaitait que je reste vivre là-bas, près de chez elle. Lorsque je lui ai demandé où j’habiterais, elle m’a répondu, sérieusement: "Ici, dans un hôtel. Et je te donnerai un lapin, des mangues et du fromage." Elle sait que j'aime toutes ces choses, car je lui avais fait part de ces détails pendant notre première discussion. Et elle s’en souvenait. De mon côté, j’ai appris qu’elle aimait chanter. "Même si je n’ai pas une belle voix", plaisante-t-elle. "Je rappe et je suis chorégraphe dans un groupe de danse." 

Fati est déterminée à continuer ses études. Ses parents n’ont eux-mêmes pas pu aller à l’école et estiment donc qu’il est important que leurs enfants reçoivent cette chance. Que souhaite-t-elle étudier? "La philosophie, car ça traite de la vie." Il est évident qu’elle est très intéressée par le sujet, mais elle considère également le métier de policier très important. "C’est un métier qui apporte force et sécurité. En tant qu’agent de police, je pourrais garantir la sécurité des autres."

Un match improvisé

Après notre discussion avec les filles, on nous a informées que nous allions jouer un match de football. Quoi?!? Je n’ai pas eu le temps de paniquer, car je devais accompagner Fati chez elle. Elle m'a montré sa maison  ainsi que celles de sa tante et de sa grand-mère. Pendant qu’elle se préparait, j'ai pu discuter avec sa maman.

Fati est moins timide qu’avant. Le projet l’a rendue plus sûre d’elle. Je suis vraiment très fière d’elle”, me dit-elle. 

Je pouvais d’ailleurs le voir sur son visage. Dès que Fati fut prête, nous sommes parties pour le match. Moi, terrifiée. Elle, la tête haute.

Nous, les "ambassadrices" belges, sommes sportives, nous allons participer à une course d’obstacles de 18 km. Mais le football n’est pas notre fort. Et nous allions devoir jouer contre des filles très douées. C’est leur sport après tout. Mais nos soeurs béninoises nous ont rapidement rassurées et encouragées.

"Continuez! Persévérez!"

Dès que nous avons mis les pieds sur le terrain, Belges et Béninoises n'ont plus formé qu'une seule équipe. Nous, les filles belges, étions un peu perdues, nous ne savions pas exactement comment nous y prendre. Mais on nous a donné des instructions claires: "Vous devez jouer de ce côté et vous êtes les attaquantes." 

Pas très sûres de notre rôle, nous nous sommes lancées... sous un soleil de plomb. Sous 40°C, on ne rigole pas. Pas vraiment une température agréable pour piquer des sprints... Après cinq minutes, nous étions toutes - je parle ici des quatre filles belges - à bout de souffle. Mais notre équipe est parvenue à ouvrir le score. C’était la fête sur le terrain. Pas pour longtemps: le match a repris aussitôt.

Après un quart d’heure de jeu, l’arbitre a sifflé la fin de la première mi-temps... et nous intime de changer de côté pour une reprise immédiate. Euh? Nous ne pouvons pas boire une gorgée d’eau d’abord? Voilà la réaction que j'ai pu lire sur le visage de mes équipières belges. Et qu’on a probablement pu lire sur le mien!

Voyant nos têtes, nos soeurs béninoises se mettent à nous encourager. "Continuez! Persévérez! Donnez le meilleur de vous-mêmes!", nous crient-elles.

Nous avions un peu l’impression d’être en enfer sous cette chaleur et dans la poussière. C’était la demi-heure la plus éprouvante de ma vie. Au sifflet final, le visage tout rouge et les larmes aux yeux, je quitte le terrain. Zoé, Line et Aline sont également épuisées. Mais nous avions gagné!

Nous observons nos sœurs béninoises et nous éprouvons une immense fierté de les savoir si fortes. Leurs matchs durent normalement une heure! Elles nous ont appris à persévérer et à être fortes. Et nous sommes heureuses d’avoir gagné ensemble. Nous n’étions pas quatre Belges et quatre Béninoises. Nous formions une seule et même équipe!

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  • Pour de plus amples informations sur l'initiative 'Girl Power', consultez notre site web.